Assertivité : communiquez sans bémol

Bulle dialogue "Peux-tu éventuellement si tu peux m'envoyer les..." avec bémols de communication

La communication assertive, celle où l’on s’affirme, implique de passer des messages clairs et appuyés. Par conséquent, s’affirmer suppose de supprimer les bémols et autres atténuations de notre expression. Une première démarche consiste à les identifier, puis à travailler un discours plus direct. 

Quand on n’ose pas dire vraiment

C’était pourtant bien parti. Nous avions une idée claire de ce que nous allions demander, une idée assez ferme, même. Et puis au moment d’ouvrir la bouche, le message a perdu toute sa force… étouffé par un bémol sournois.

éventuellement
un peu
un petit travail
serait
quand tu pourras
assez
à l’occasion
quand même
essayer de
pas mal
pas terrible
si tu peux
enfin, je pense

… la liste est encore longue, de tous ces bémols de langage qui affaiblissent notre propos. Si la modération peut être judicieuse, le bémol involontaire lui, nous joue de mauvais tours.

Comment ?
Regardons la liste qui précède :

  • il y a des bémols de temps (« quand tu pourras », « éventuellement ») qui atténuent l’urgence de la demande et effacent même toute idée d’objectif temporel
  • des bémols de quantité (« un peu », « assez ») qui réduisent l’importance de la demande
  • des bémols qualitatifs (conditionnels, « si ») qui en diminuent également l’importance

Au final, ces bémols font passer notre demande pour optionnelle. Ils mettent notre intention en sourdine… nous mettons donc notre intention en sourdine.

Ils peuvent donner l’impression que nous sommes mous ou indécis, à toujours dire que c’est « pas mal » ou « pas génial », jamais « très bien » ni « cela ne me convient pas ».

Notre assertivité en prend un sacré coup.

L’assertivité, mode d’expression efficace

Rappelons que l’assertivité vient de l’anglais assertiveness, substantif formé à partir du verbe « to assert » : affirmer, assertion, s’affirmer, défendre ses droits, défendre son opinion. Assertiveness peut se traduire en français par l’affirmation de soi dans sa communication et ses interactions. Elle prend appui sur la confiance en soi, l’assurance personnelle.

S’affirmer, c’est la capacité à s’exprimer et à défendre ses droits sans empiéter sur ceux des autres.

Et justement, les bémols de langage peuvent traduire notre réticence à prendre cette place. De peur d’empiéter sur les droits des autres en faisant valoir les siens ?

Plus sournois encore, certains bémols peuvent induire que nous tentons de « vendre » notre demande, de mieux la faire passer, suscitant ainsi une méfiance qui n’a pas lieu d’être.
ex : « J’ai un petit travail à te demander » : Ouh la, ça doit être compliqué.
(Croyance et résurgence de nos expériences enfantines quand l’infirmière parlait d’une « petite piqûre » ?)

Le leadership et l’assertivité

Leadership et bémols ne font donc pas bon ménage. Avez-vous déjà vu un grand leader parler avec des bémols ?

Tiens, prenons le discours de Steve Jobs lors de la remise de diplômes à l’université de Stanford en 2005 (je le « bémolise » à dessein) :

Votre temps est quand même limité, ne le gâchez pas trop en menant une existence qui ne serait pas vraiment la vôtre. Mieux vaut éviter autant que possible d’être prisonnier des dogmes qui obligent à vivre en obéissant à la pensée d’autrui, et ne pas laisser le brouhaha extérieur étouffer votre voix intérieure. Essayez, si possible, d’avoir le courage de suivre votre cœur et votre intuition. L’un et l’autre savent en général, sauf exception, ce que vous voulez réellement devenir. Le reste est secondaire, enfin je crois.

Voyez l’effet ? Voici la version originale pour comparer :

Votre temps est limité, ne le gâchez pas en menant une existence qui n’est pas la vôtre. Ne soyez pas prisonnier des dogmes qui obligent à vivre en obéissant à la pensée d’autrui. Ne laissez pas le brouhaha extérieur étouffer votre voix intérieure. Ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition. L’un et l’autre savent ce que vous voulez réellement devenir. Le reste est secondaire.

Steve Jobs parle au présent, sans bémols et c’est ce qui donne de la force à son discours qui est en ligne avec sa pensée et son ressenti : toute sa personnalité est alignée ce qui lui donne du charisme.

Tout naturellement, son discours jaillit sans aucun bémol d’intention.

Et nous alors, pourquoi ne parlons-nous pas exactement comme Steve Jobs à Stanford ?

Des peurs et croyances nous limitent.

Peurs et croyances, freins à l’expression franche

Nous utilisons des bémols dans notre expression quand une peur nous retient d’y aller franco.

Exemple : au moment de demander à un prestataire un travail avec un délai de réalisation honteusement court, j’hésite et *bloom!* les bémols fleurissent.
« – Et vous le voulez pour quand ?
– Euh (pensée « c’est pour demain matin première heure ») c’est assez urgent, disons que si on l’a demain dans la matinée ça serait parfait.
– Entendu nous ferons de notre mieux, au pire demain midi !
– OK faites votre possible, merci beaucoup ! »

Voilà, l’objectif de mon appel téléphonique n’est pas atteint, le prestataire s’est engagé de son côté mais uniquement sur ce que je lui ai demandé : un délai plus long que celui que j’ai absolument besoin qu’il tienne et que je n’ai pas osé lui imposer. Et là généralement nos reproches intérieurs sont sans aucun bémol…

Leçon de l’expérience :

Lorsque nous demandons quelque chose, comme un travail à un prestataire ou un collaborateur,
clarifions intérieurement ce que nous voulons vraiment… et restons focus sur cette intention.

Soyons franc et direct.
Que voulons-nous vraiment? Disons-le !
Point d’excuses ni de sourdines.

Bien sûr, sur le papier c’est d’une simplicité enfantine. La difficulté se présente en situation, face aux interlocuteurs.

Ces freins, ces réticences à oser et cette permission intérieure qui nous manque alors, tout cela se travaille en coaching. Prendre conscience de ce fonctionnement, acquérir la ressource qui manque, la pérenniser : tout un programme.

A vous ! Questions de coach :

La prochaine fois que vous avez une demande à formuler ou une annonce à faire, et que vous tournez autour du pot, observez :

  • Que risquez-vous à supprimer ces bémols qui atténuent votre demande ?
  • Que se passera-t-il si vous exprimez votre message directement et pleinement, sans bémols ?
  • Jeu : êtes-vous un roi / une reine du bémol ? Mettez 10 centimes dans une boite à chacun de vos bémols pendant une semaine… alors, c’est le pactole ?
La réponse est en Vous.

Et pour passer à l’action, pensez au Coaching !

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