Sème un acte : genèse de la culture d’entreprise

Affiche "Culture is your operating system"Sème un acte, tu récolteras une habitude
Sème une habitude, tu récolteras un caractère
Sème un caractère, tu récolteras une destinée
Sa Sainteté Le Dalaï Lama

Vous connaissez peut-être ces mots. Ils m’inspirent aujourd’hui une réflexion sur les us et coutumes en entreprise. A l’échelle du système qu’est l’entreprise, on parlera de « culture » au lieu de « caractère » mais le fonctionnement est le même, et dans les deux cas il échappe à notre conscience et à notre volonté.

Deux exemples vécus :

1. Les réunions sauvages

Une agence de communication, ruche de centaines de salariés avec des process hérités de la publicité. Jusqu’ici tout va bien. Sauf que les nouveaux venus sont surpris par une pratique courante et inhabituelle pour eux : la réunion sauvage. Quelqu’un vient les chercher en plein travail et leur demande de venir assister à une réunion immimente… mais non prévue !
Rien à voir avec ces réunions d’urgence, de crise ou spontanées, non non, ce sont des réunions ordinaires à la différence près qu’elles ne sont pas planifiées.

Avant, sans doute, on planifiait les réunions dans cette agence avec une date, une heure, une convocation assortie d’un ordre du jour.
Puis un jour, quelqu’un a commencé à organiser des réunions sauvages ; personne ne s’est offusqué, on s’est habitué à ce fonctionnement, puis d’autres l’ont repris et c’est devenu habituel. Aujourd’hui c’est presque une norme constitutive de la culture du département dans cette agence. « Hop ! Réunion tout le monde. »

Ce qui fait que l’habitude s’installe durablement : après un bref étonnement, chacun se plie à la coutume, fût-elle désagréable ou absurde. « C’est comme ça. »

2. Le dénigrement décomplexé

Second exemple vécu, l’instauration d’une coutume consistant à dénigrer souvent des collègues d’autres équipes (bien évidemment absents au moment des propos).

Au début, une ou deux personnes ont lancé le mouvement : « X elle ne comprend rien au… », « Y on se demande comment il a été recruté », « Z est un prétentieux, bonne chance si tu travailles avec lui ».

Comme pour les réunions sauvages, personne ne s’est vraiment ému de ce comportement qui s’est donc reproduit sans complexe

D’autant plus qu’il présente des bénéfices (cachés) non négligeables comme : se défouler, détourner l’attention de ses propres lacunes, entretenir le mythe de sa propre supériorité, créer du lien avec ceux qui partagent la même opinion, etc.
Progressivement ce comportement a contaminé d’autres collaborateurs.
Pour finalement devenir une habitude partagée par tous, presque une culture d’équipe.

Que retenir de ces anecdotes :

Attention à ce qui s’installe !
Observer les comportements récurrents, réfléchir à leur pertinence et leurs effets (lire : Pourquoi on fait les choses).
Les mauvaises habitudes une fois ancrées seront difficiles à éradiquer. Réguler une dérive quand elle s’est installée, c’est tout une rééducation !
Tant que la mauvaise habitude est récente, ceux qui ne l’ont pas adoptée peuvent la remettre en cause, mais une fois installée dans la culture d’entreprise les nouveaux venus l’adoptent rapidement et elle se diffuse toute seule. Elle devient une règle tacite de l’entreprise, tacite et aveugle.

Il y a des entreprises où les réunions commencent à l’heure et avec 100% des participants (si si ça existe !) ; dans d’autres, à H+15 min on attend toujours en papotant et chacun repart à tour de rôle prendre un café, passer un coup de fil…

Eviter les mauvaises habitudes

Quelques pistes pour un bilan de la situation chez vous :

demander aux nouveaux arrivants un rapport d’étonnement (souvent très instructif !) : avec son oeil naïf et pas encore formaté le nouveau venu pose des questions qui secouent un peu les us et habitudes de la maison

– se poser souvent la question de la pertinence et de l’utilité d’une habitude : cette habitude sert-elle nos objectifs ? Est-elle constructive ? Quels sont ses avantages et quel est son coût pour l’entreprise et les individus ?

A partir de là, travailler sur ce qui doit être réécrit dans le grand livre vivant de la culture d’entreprise.

 

L’identité de l’entreprise en dépend : elle est la somme des valeurs qui y sont exprimées en actes (je ne parle pas de celles pieusement affichées dans une charte, sur le site web de l’entreprise).

Bonne nouvelle : comme tout système vivant, l’entreprise présente une certaine plasticité, tout est donc possible !
A condition d’une bonne gouvernance et d’une volonté à chaque niveau de la hiérarchie, d’oeuvrer en ce sens.

Pour prolonger, d’autres articles :

Managers, surveillez vos mots !

Pourquoi on fait les choses : les raisons

Pourquoi on fait les choses – 2 : le sens

Photo : Certains droits réservés par Tom T

 

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