Cerveau droit président !

TournesolsCerveau gauche, cerveau droit : dichotomie en vogue un temps, puis délaissée à la suite de découvertes qui replaçaient langage, émotions, vision, imagination etc. à parts égales sur les deux hémisphères. Le psychiatre britannique Iain McGilchrist dans son ouvrage The Master and His Emissary: The Divided Brain and the Making of the Western World apporte une explication nouvelle à cette division biologique droite/gauche : des différences d’approche et de vision du monde. Il nous montre comment notre monde s’est façonné selon le paradigme du cerveau gauche, et comment le cerveau droit gagne à être connu, entendu et suivi.

Ce que nous livre Iain McGilchrist au terme de ses vingt années de recherche va au-delà de notre fonctionnement personnel,  sa thèse porte sur tout notre monde occidental qui selon lui serait façonné selon les lois et préférences du cerveau gauche. Notre civilisation d’Occident serait ainsi partie d’une Renaissance plutôt équilibrée entre gauche et droit, et aurait ensuite dérivé peu à peu vers un monde déséquilibré avec un cerveau gauche sur-représenté. Ceci est d’autant plus dommage, selon l’auteur, que le cerveau droit est plus puissant que le gauche. Il cite Albert Einstein sur notre part intuitive et notre part rationnelle :

« The intuitive mind is a sacred gift and the rational mind is a faithful servant.
We have created a society that honors the servant and has forgotten the gift. » Albert Einstein
« Notre esprit intuitif est un don sacré et notre esprit rationnel, un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don. »

Qu’est-ce qu’un monde « cerveau gauche » ? C’est le royaume de la technique, du contrôle de toute chose et notamment du vivant, un monde qui cherche l’ordre et privilégie la cohérence. La plupart d’entre nous fonctionne préférentiellement sur un mode « cerveau gauche », alors que pouvons-nous gagner à rétablir l’équilibre avec le cerveau droit ? Que pouvons-nous apprendre de notre hémisphère droit ? Pour quels bénéfices ?

Avant de nous pencher sur cette question je vous propose de regarder, si vous ne l’avez déjà vue, la vidéo RSA Animate dans laquelle Iain McGilchrist explique les différences cerveau droit/cerveau gauche et développe sa thèse :

Fascinant n’est-ce pas ?

Résumons les caractéristiques des deux hémisphères (voilà qui va plaire à nos cerveaux gauches)
NB : attention il ne s’agit pas d’une dichotomie absolue puisque nos deux cerveaux fonctionnent ensemble et font une synthèse. Parlons plutôt de tendance.

 

Cerveau Gauche Cerveau droit
Vision en détail Vision globale
Attention très centrée Attention très large, ouverte
Vision mécanique Vision vivante
Plutôt structuré Plutôt créatif
Plutôt particulier Plutôt général
Plutôt étroit Plutôt large
Plutôt fermé Plutôt ouvert
Plutôt fixe Plutôt en mouvement
Va vers le connu Va vers le nouveau
Rapproche de ce qu’il connaît Prend la nouveauté comme telle
A l’aise avec la permanence A l’aise avec le changement
Explicite Implicite
Cherche à isoler Cherche à rassembler
Aime les catégories Aime l’inclassable
Rationnel Irrationnel

A le lecture de cette liste, il semble évident que  nous avons besoin de nos deux hémisphères. Si nous les utilisons de manière équitable, nous combinons en permanence leurs deux visions, et jonglons habilement avec leurs deux manières de considérer les choses.

Exemple :

Pour concevoir un nouveau produit, je pars des attentes du marché, des éléments connus (cerveau gauche), puis je cherche des éléments de prospective (cerveau droit) et fais travailler une équipe en brainstorming (cerveau droit), je prends en considération tout ce qui a plu dans les produits précédents (gauche) et je cherche à innover, à proposer de nouvelles fonctionnalités (droit). A la fin de ma conception, j’ai un éventail de possibilités que je resserre sur des critères réalistes (cerveau gauche).
Le même travail de conception réalisé uniquement avec le cerveau gauche risquerait d’aboutir à un produit déjà existant, sans nouveauté.

Le problème c’est, d’après Iain McGilchrist, que nous utilisons trop préférentiellement notre cerveau gauche, ce qui nous limite. Et tout ce qui nous limite, ça fait forcément réagir un coach !

Nous aurions donc un potentiel peu ou mal exploité dans ce cerveau droit : comment en tirer partie ?
Comment redonner sa place aux talents du cerveau droit, dans les situations qui le permettent?
Comment tirer partie de cela en tant que dirigeant ou manager ?

Prenons quelques situations clés :

1. Appréhender le vivant, l’humain et l’irrationnel

Le problème :
Eric, manager, perd patience :

« Je ne suis pas à l’aise avec les aléas de mon équipe, un jour ils sont motivés, le lendemain rien ne va plus, pourtant ils ont tous les moyens pour faire leur travail correctement et je suis toujours le même avec eux ! En toute logique ils devraient garder une motivation régulière, sans ces à-coups injustifiés. »

Ce qui manque ici : Eric a une lecture très mécaniste et rationnelle de la situation. A+B=C ! Il considère les faits, cherche les facteurs déclencheurs, ne les trouve pas. Il attend de son équipe qu’elle réagisse comme une machine, c’est-à-dire avec une régularité sans faille, et une réponse toujours identique à un même stimulus.

Comment Eric peut-il activer son cerveau droit ?
– en considérant son équipe comme un organisme vivant et une somme d’organismes vivants indépendants. En essayant de mieux comprendre ce qui meut ces organismes, ce qui les fait réagir.
– en acceptant la part d’irrationnel au lieu de chercher à tout rationaliser
– en élargissant son regard au-delà de ce qu’il cite dans ses propos : que se passe-t-il plus largement dans l’environnement de l’équipe (autres équipes, direction, clients etc.) ? Y a-t-il des éléments du décor qui lui auraient échappé ? Qui auraient une influence sur l’équipe ?

2. Apprendre à aimer la part d’inconnu

Le problème :
Sophie, dirigeante d’une PME, a du mal à dormir la nuit :

« Nous avons misé sur une technologie d’avenir, nous sommes pionnier dans son utilisation et je le regrette aujourd’hui car nous avons très peu de visibilité sur notre développement futur. Nous pouvons aussi bien faire un carton qu’échouer pour des soucis techniques, ou parce que nous sommes doublés par la concurrence. Je suis inquiète, je voudrais pouvoir m’appuyer sur des certitudes. »

Ce qui manque ici : Sophie cherche à tout maîtriser, à s’appuyer sur le connu. Elle a du mal à accepter la part d’inconnu, elle voudrait avoir des points de comparaison, par exemple avec la réalité d’autres entreprises qui utiliseraient une technologie similaire. Mais quand on est pionnier de son secteur, il se peut que l’on doive faire autrement, apprendre à avancer dans le flou.

Comment Sophie peut-elle regagner du confort en activant son cerveau droit ?
– en apprenant à apprécier l’inconnu et la nouveauté, par des expériences positives dans ces domaines
– en ouvrant son esprit à toutes les possibilités (créativité), notamment celles de réussir avec cette technologie
– en  regardant le développement de son entreprise comme quelque chose de vivant et soumis constamment au changement

3. Apprendre à aller vers le changement et la nouveauté

Le problème :
Antoine se voit proposer un poste de manager et hésite à accepter :

« C’est un bon poste mais… je ne suis pas sûr d’être à la hauteur. Il y a beaucoup de paramètres que je ne maîtrise pas, le management c’est nouveau pour moi. Aujourd’hui je suis content du poste auquel je suis arrivé, je suis efficace et j’aime ce que je fais. Je n’ai finalement pas beaucoup d’avantages à changer ! »

Ce qui manque ici : Antoine voit le changement comme un inconfort, c’est très humain ! L’envie de rester dans sa zone de confort l’empêche même d’imaginer des avantages à en sortir pour évoluer. D’autre part, Antoine a peur de ne pas être aussi bon dans la nouvelle mission qui lui est proposée, que dans sa mission actuelle ; il compare avec ce qu’il connaît, et de plus il voit les situations actuelle et future de manière figée et non en mouvement, puisqu’il ne voit que la phase « difficile » où il sera encore en apprentissage dans sa nouvelle mission, sans songer qu’il pourrait progressivement devenir compétent et efficace.

Comment Antoine peut-il activer son cerveau droit ?
– en apprenant à aller vers le changement et la nouveauté, et faire l’expérience de ce qu’ils apportent de bon
– en déplaçant son regard sur l’axe du temps pour imaginer l’évolution, le mouvement plutôt que l’état initial
– en appréhendant la mission qui lui est proposée, comme telle et non plus dans une comparaison fermée avec ce qu’il connaît

Le point commun à ces 3 cas, c’est que le cerveau droit permet de sortir des cases qui limitent. Sortir des cases… ou « penser hors de la boite », « think outside the box ! » comme disent les américains.

Pistes de réflexion et outil

Très bien, Kolibri, mais en pratique comment faire ? Voir le fonctionnement de l’extérieur c’est facile (comme avec les 3 cas qui précèdent), en revanche se voir soi-même pour changer d’approche, c’est une autre paire de cerveaux manches.

En effet ! Et entre nous, c’est justement à ça que sert le coaching ! A refléter votre fonctionnement pour vous donner des pistes de réflexion et d’évolution.

Quand nous sommes dans une difficulté et que nous nous sentons bloqué ou stressé, c’est souvent que notre perception ou façon de penser n’est pas adaptée. Pour permettre à notre cerveau droit de nous aider à sortir de l’impasse, je vous propose l’outil suivant.

La valse des curseurs (ou les temps de parole)

Prenez une situation qui vous pose problème.
Pour chacune des lignes ci-dessous, placez le curseur en fonction de
votre approche de la situation.

 

 

« Cerveau Gauche » ———————|———————- « Cerveau droit »
Vision en détail ———————|———————- Vision globale
Attention très centrée ———————|———————- Attention très large, ouverte
Vision mécanique ———————|———————- Vision vivante
Plutôt structuré ———————|———————- Plutôt créatif
Plutôt particulier ———————|———————- Plutôt général
Plutôt étroit ———————|———————- Plutôt large
Plutôt fermé ———————|———————- Plutôt ouvert
Plutôt fixe ———————|———————- Plutôt en mouvement
Va vers le connu ———————|———————- Va vers le nouveau
Rapproche de ce qu’il connaît ———————|———————- Prend la nouveauté comme telle
A l’aise avec la permanence ———————|———————- A l’aise avec le changement
Explicite ———————|———————- Implicite
Cherche à isoler ———————|———————- Cherche à rassembler
Aime les catégories ———————|———————- Aime l’inclassable
Rationnel ———————|———————- Irrationnel

A présent demandez-vous :
Quels curseurs sont mal adaptés à cette situation  ?
Lesquels puis-je déplacer pour mieux la gérer, être plus efficace ?

Que puis-je pour vous ?

Le coaching permet de tester des stratégies différentes de celles que vous utilisez habituellement, et ce de manière cadrée et sécurisante.
Si vous avez l’impression que l’omniprésence de votre cerveau gauche limite votre évolution professionnelle et souhaitez y apporter du changement, pensez au coaching !

* Ce titre est 100% sans orientation politique !

5 Commentaires

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    • msebastien sur 20 mars 2012 à 9 h 31 min
    • Répondre

    Bonjour

    Le concept de cerveau droit et cerveau gauche est un neuro-mythe. Cela été prouve en 1997 entre autre par stanislas Dehaene, neuroscientique du Collège de France

      • Karine sur 20 mars 2012 à 9 h 42 min
      • Répondre

      Bonjour
      Merci pour cette info et ce lien. Il me semble que Iain McGilchrist dit bien la même chose : l’ancienne dichotomie cerveau droit / cerveau gauche est un mythe, celle qui attribuait de façon stricte certaines formes d’apprentissage à chacun des deux hémisphères, et considérait que les tâches étaient effectuées soit par l’un soit par l’autre.
      En revanche, il y aurait bien une différence dans la manière d’appréhender la réalité, entre la partie droite et la partie gauche, quand bien même les deux fonctionnent de concert.

    • Painvin sur 22 janvier 2012 à 8 h 05 min
    • Répondre

    « Paradigme », j’aime ce mot depuis 1973, depuis Edgar Morin « Le paradigme perdu, la nature humaine »
    Nous y sommes !
    Il serait utile de réfléchir sérieusement aux multiples bénéfices de ces grandes crises économiques qui nous « gouvernent », elles permettent de s’affranchir de nos adhérences plus vite que n’importe quelle théorie politique, plus vite et plus efficacement. Les aveugles « natifs » arrivent à compenser leur infirmité par un mécanisme subtil et complexe et sont capables d’identifier des couleurs ; forcés par la nature, ils développent une perception qui aurait de quoi nous rendre jaloux…nous autres les « bien-voyants »…Pas impossible que le cerveau gauche cède une partie de son pouvoir à son jumeau quand il en est obligé ! les exemples foisonnent et, à y regarder de plus près, le cerveau gauche est, peut être, le centre de l’adhérence…

    • Painvin sur 19 janvier 2012 à 11 h 57 min
    • Répondre

    Cette publication est de très bonne qualité, elle a le mérite d’attribuer clairement des fonctions/tendances au cerveau dans sa double composante, droite et gauche, interdépendantes au demeurant.
    Effectivement le balancier ne penche pas que d’un côté, on parlera d’une « résultante » entre ces deux forces.
    Je suis plus réservé sur l’extrapolation géographique qui est abordée ici, l’occident-cerveau gauche : l’histoire de la Chine, par exemple, démontre une très grande antériorité et une forte appétence pour la Technique, les Mathématiques notamment.
    J’ai plutôt le sentiment que les grands cycles économiques sont déterminants et agissent comme des vecteurs de polarisation rendant la dimension géographique plus aléatoire voire superfétatoire. Qu’en pensez-vous ?

      • Karine Aubry sur 21 janvier 2012 à 20 h 53 min
      • Répondre

      Bonjour Painvin,
      Merci pour ce commentaire enrichissant!
      J’aime votre idée de la « résultante » de deux forces ; il y a comme une conjugaison.
      Effectivement l’aspect géographique de cette théorie mérite d’être approfondi et sans doute nuancé.
      Quant aux grands cycles économiques, sans doute ont-ils une influence majeure sur le balancier droite/gauche, de même que les évolutions sociétales, culturelles, spirituelles…finalement tout le paradigme dans lequel nous vivons, doit influencer le fonctionnement de nos deux hémisphères. Il faudrait se placer à une échelle très macro pour identifier ces influences, vaste chantier pluridisciplinaire !
      Au plaisir de vous lire,
      Karine

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